Jour de navigation, le dernier. Demain nous serons en Italie. Le voyage s’étire doucement vers sa fin. J’ai encore la tête plein des merveilleux souvenirs de l’orient, et le cœur frissonnant des émotions ressenties sur les lieux de la vie du Christ.
La mer n’est pas très belle aujourd’hui. Il y a beaucoup de vent et il ne fait pas très chaud sur les ponts supérieurs.
Heureusement, le bateau est grand et les verrières refermées au dessus des piscines permettent de faire les lézards. Je suis régulièrement l’avancée du bateau.
Vers 16H00 sous un ciel assez sombre, les cotes sud de la Sicile commencent à être visibles.
Puis le bateau va prendre à son bord le pilote pour le guider dans sa navigation au travers de ce détroit. Et c’est alors que le soleil est réapparu. Nous traverserons donc cette passe sous le soleil.
Devant nous et derrière nous on peut voir de nombreux bateaux. Nous en croisons également qui font route vers le sud.
Puis, alors que nous sommes environ au milieu du détroit, le bateau s’est mis à ralentir et à s’écarter de sa route pour se rapprocher de la côte sicilienne. Il semble qu’il y ait un imprévu.
Le bateau va se rapprocher assez près de la plage entre Messine et l’embouchure nord du passage. Il va quasiment stopper puis va faire un demi-tour sur lui-même. La manœuvre est impressionnante. Ce bateau de 300m de long, 35 m de large va tourner sur lui-même pour reprendre sa route vers la fin du détroit. On a vu s’éloigner un petit hors bord. Certainement une évacuation où le débarquement d’un passager.
Cela m’aura permis de rester plus longtemps très près de cette terre qui me rapproche de toi et de tes racines. Je ne peux m’empêcher de penser qu’à l’été 1884 tu étais dans ces lieux, du moins tout près de là. J’ai eu également une pensée pour ton père, je pensais à ce qu’il avait certainement vécu comme un déchirement, celui d’avoir quitté sa terre, et les siens. J’ai également pensé à ce qu’il pouvait ressentir lorsque rentrant de mission, il revoyait les cotes, à ce qu’il pouvait ressentir lorsqu’il revenait avec vous. Toutes ces pensées se sont bousculées dans ma tête. Au fond de moi j’étais ému à travers toi et à travers de ce qui est une partie de ta vie et de ton histoire. Ce voyage n’est décidément pas commun. Je me rends compte que tout au long de ce périple, il y a eu des instants que j’ai vécus très intensément car il était en rapport avec toi, pour plein de raisons différentes.
Puis tranquillement, le bateau s’est éloigné de la Sicile et a pris la direction de l’ile volcanique du Stromboli près duquel nous sommes passés à moins de 2 Km.
Petit à petit la nuit est tombée. Demain nous serons à Rome.
Je m’endors en pensant à toi, en me demandant si tu vas bien, et en me disant qu’il me tarde quelque part de rentrer pour avoir de tes nouvelles.
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